Le cheval, un compagnon de longue date
Le vieil adage dit : “On ne peut maîtriser un cheval tant qu’on ne se maîtrise pas soi-même”.
Ce qui en dit long sur les bienfaits du cheval dans notre propre gestion émotionnelle, notamment dans le cadre de l’équithérapie.
Le cheval est un animal grégaire et doit donc sa survie au bon fonctionnement de son
groupe. L’humain est un être sociable et ne peut vivre sans ses semblables. De par son
statut d’animal proie, le cheval doit également se tenir en alerte pour fuir le plus rapidement
possible.
De ce fait, il communique sans cesse avec les siens, à l’affût de la moindre
information qui pourrait le renseigner sur ce qu’il se passe autour de lui.
Équithérapie pour un mieux-être émotionnel avec le cheval
Afin de lui permettre cette communication permanente, l’évolution a doté le cheval, entre autres, d’un cerveau limbique développé. Le cerveau limbique est la partie où siègent toutes les émotions. Tout ceci contribue au fait que le cheval possède de nombreux points communs
avec les humains, ce qui en fait un champion dans l’accompagnement des personnes en
quête de mieux être, notamment dans le domaine de la gestion émotionnelle.
Un cheval est capable de capter une variation du rythme cardiaque humain à 20 mètres, il a donc une lecture très fine de ce qui se joue en nous, bien plus fine que la nôtre ! Nous pouvons
mentir à nos pairs, nous pouvons nous mentir à nous-même mais nous ne pouvons pas
mentir à un cheval, toujours dans le moment présent et dépourvu de jugement.
L’un des premiers animaux à avoir été représenté sur les parois des grottes où vivaient nos
ancêtres, les chevaux accompagnent les humains depuis la nuit des temps. Depuis lors, il
n’a cessé d’évoluer à notre contact.
En Grèce antique, on était déjà conscient des bienfaits thérapeutiques que pouvaient apporter les chevaux; Hippocrate, Xénophon ou encore Platon y font référence dans leurs écrits : “Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et le cœur.” (Xénophon)
Qu’est-ce que nos émotions ont à nous dire ?
Contrairement à ce que notre société en quête permanente d’efficacité et de classification
nous porte à croire, il n’y a pas de “bonnes” ou de “mauvaises” émotions. Certaines sont
plus ou moins agréables à vivre, c’est un fait, mais pour autant, elles ont toutes en commun
cette capacité à nous faire passer un message, et à capter notre attention. Nos émotions ont
quelque chose à nous dire !
Comment nos émotions le font-elles ?
Tout d’abord, en traversant notre corps et en produisant des réactions physiologiques : accélération ou ralentissement du rythme cardiaque, transpiration, rires ou pleurs, mise en mouvement ou au contraire, immobilité…
Ensuite, en se traduisant par un ressenti ou vécu particulier : joie, colère, peur, dégoût… En fonction de l’ensemble de ces paramètres, nous allons être influencés dans nos réactions, réflexions et prises de décisions. En effet, l’émotion telle que nous la vivons va “teinter” notre rapport au monde d’un filtre particulier. Ce qui explique qu’un même événement, vécu comme mineur pour certaines personnes, puisse prendre des proportions bien plus dramatiques pour d’autres.
D’où l’importance d’une bonne gestion émotionnelle, afin de pouvoir accueillir au mieux les émotions et les situations qui se présentent à nous !
Une émotion n’est, finalement, qu’une information reçue dans notre corps et traduite par
notre mental. L’idée est donc d’apprendre à les accueillir d’une manière juste, sans les
étouffer ni les laisser nous envahir. Une fois le message reçu, nous pouvons prendre les
dispositions nécessaires afin de nous en libérer.
En colère contre votre collègue ?
Le processus pourrait inclure, par exemple, d’identifier cette émotion sans la confondre avec une autre (tristesse et colère sont souvent confondues), de prendre le temps de la ressentir sans jugement, puis de comprendre la raison de son apparition; limites non respectées ? Réactivation d’une situation antérieure ?
À ce stade de réflexion, nous pourrions envisager différentes actions avant de décider de celle qui nous semble la plus adaptée : aller marcher pour prendre de la distance avec l’événement et passer à autre chose ? Aller s’entretenir directement avec le collaborateur concerné du problème ?
Le plus important étant que l’émotion soit reconnue, vécue et comprise pour la gérer au mieux, afin que cette dernière ne s’inscrive pas dans le corps, se traduisant souvent par un mal-être, une douleur ou encore le développement d’une maladie. Il existe des émotions dites principales telles que la joie, la colère, la tristesse, la surprise et le dégoût, selon le psychologue Paul Eckmann, ainsi qu’une multitude d’autres émotions toutes en nuance.
Comment l’équithérapie peut-elle être un allié puissant dans la gestion de nos émotions ?
C’est là la grande question. Quel est l’intérêt du cheval dans un processus thérapeutique de
travail sur les émotions ?
Déjà, sa flexibilité émotionnelle et mentale. Le cheval est dans le ressenti pur et simple de
ce qui se joue, il n’a pas de capacité d’extrapolation ou de jugement, qui est le propre de
l’être humain et de son cortex préfrontal. Ce qui signifie qu’il accueille les émotions pour ce
qu’elles sont : de l’information.
Équithérapie : le cheval, compagnon émotionnel
Il va y réagir au plus juste, en se mettant au diapason de celle-ci et du mode d’expression choisi par la personne au travail. Lorsque l’émotion retombe, le cheval passe directement à autre chose, sans ruminer sur ce qui s’est passé ; sa survie dépend justement du fait d’être dans le pur moment présent.
Il est donc une aide précieuse en cas de difficulté à reconnaître, exprimer et assumer ce que
nous ressentons. Un challenge très courant dans nos sociétés occidentales essentiellement
tournées vers la réflexion et la rationalité. Il peut intervenir comme soutien, ou comme révélateur de ce que nous traversons émotionnellement, grâce à ses réactions et son langage corporel très parlants.
Le rôle de l’équithérapeute est alors, par son questionnement, d’accompagner le client à mettre du sens sur ce qui se joue en lui, notamment par l’observation de son partenaire cheval.
Révéler les incohérences dans l’accompagnement émotionnel
Outre sa capacité à reconnaître nos émotions et à réagir en conséquence, le cheval ne
supporte pas l’incongruence : sa nature de proie le fait rechercher des situations et des êtres
fiables et prévisibles dans leurs actions, leurs ressentis et leur langage corporel, congruents, donc.
L’incongruence, c’est lorsqu’il y a un décalage entre ce que nous disons ressentir et ce que nous ressentons vraiment, entre nos pensées et nos actes, ou encore entre notre “émotion de façade” et ce que notre langage corporel donne à voir.
Le cheval excelle dans l’art de détecter ces incohérences, et va vous faire savoir, d’une manière ou
d’une autre, qu’il y a un souci. Peut-être même en évitant votre présence.
Les incongruences vont se traduire par notre langage non verbal (corporel) qui représente près de 90% de la communication. Là où les humains vont se concentrer sur les 10% restants de cette communication, le cheval, quant à lui, va décrypter le moindre signal émis par le corps
humain. Si les êtres humains savent se mentir à eux-mêmes et aux autres, le cheval, lui, sait
lire entre les lignes et, par l’intermédiaire de l’équithérapeute, pourra mettre le sujet sur la
piste d’une meilleure connaissance de lui-même et de ses besoins en toute bienveillance.
Inès Sérizier, créatrice d’Arbor’essences Thérapies, équithérapeute en Normandie et Coralie Bittiger, co-créatrice d’EquiTerra, équithérapeute dans le Loiret.